Momon Maguy Chayne Sporting-Club Salonais Rugby Salon
Momon et Maguy Si loin, si proches
C’est cette année-là que grand-père Pianezzi, qui ne supportait plus de voir maman déménager tous les trois ou quatre ans, lui a fait une maison, dans le quartier de la gare, celle que vous avez connue. Nous y avons aménagé en Août 1938. Pépé avait fait le gros œuvre, et papa tout le reste, plomberie, électricité, carrelage, peinture. Je me souviendrai toute ma vie la joie de maman, d’avoir enfin sa maison. Là, une autre vie a commencé, on avait un jardin, les conserves allaient bon train, les confitures aussi : cueillir les tomates, les ébouillanter, les peler, les couper en morceaux, les mettre dans des bouteilles de bière (ça fermait mieux), même chose pour les haricots verts, surveiller le grand feu sous la lessiveuse, bien longtemps avant que ça bouille. Et puis les conserves de champignons rouges , là c’était la fête : courir la colline, remplir les paniers, je partais souvent vers Rognes sur mon vélo, avec mon petit frère, le panier attaché sur le porte-bagage avant. Les conserves se faisaient dans des boites en fer-blanc que j’allais d’abord chercher vides à l’usine chez Celaire, puis que je retournais faire sertir une fois prêtes. C’était un vrai chantier, mais tout était rire et bonheur. Maman faisait des confitures de cerise, de pastèque, elle était heureuse. Tout ce travail se faisait en fin d’été, sauf les cerises, bien sûr.
La vie avant-guerre au Quartier de la Gare
Et puis, un beau soir de Novembre 1938, Paul est rentré dans ma vie, il faisait nuit, j’étais à la fontaine avec mon arrosoir, ce qui, de ce jour-là devint notre alibi, Paul venait de faire un loto au village. J’avais presque quatorze ans, lui en avait seize. Il avait gagné des grives ou je ne sais quels oiseaux, et ça a duré six ans, six ans de rires, de balades, mais je suis en Novembre 1938 et il ne nous restait qu’un an à vivre en paix. Note 3
22 Octobre 1994
Me voilà couchée pour quelques mois, suite à une bagarre de nos chiens, à Nicole et à moi, bagarre qui m’a laissée bien mal en point, mais qui va me permettre de reprendre le cours de ma vie, pour vous, mes filles, petites-filles et petits-fils, bien sûr. J’avais laissé mon journal en panne, car les années de guerre qui ont fini si tragiquement ont été pour moi six années d’un bonheur que rien n’a jamais remplacé, car rien ne peut jamais remplacer votre jeunesse, même une vie bien remplie. Donc, bien que ce soit un coin secret de ma vie, auquel je pense tous les jours et souvent les nuits, il me faut en parler un peu.
Nous voilà donc en 1938, vacances à Fos en camping (déjà !) Loulou n’avait que deux ans, Paul (Pelen) n’était pas né, les jours s’écoulaient heureux, insouciants comme on l’était avant-guerre. On parlait autour de moi de la guerre d’Espagne. Papa, de plus en plus rouge, militait pour les réfugiés espagnols, mais nous, les jeunes, ça nous passait un peu au-dessus de la tête. Maman cousait toujours, j’étais tout le jour avec elle, avec des visites de plus en plus fréquentes à la fontaine, où Paul était toujours là en même temps que moi afin de chercher l’eau fraiche pour le « Café de la Gare ». Il était aussi menuisier et faisait en 38 un stage à Aix, pour apprendre à utiliser un nouveau matériel : Le père Robin faisait encore tout à la main, mais Paul, lui, voulait s’équiper mieux. Puis 1939, Paul Pelen est né le 4 Février, trois ans après Loulou et la joie de tonton Jean n’a rien eu à envier à celle qui avait été celle de papa trois ans plus tôt. Nous avons passé nos vacances à Fos, où pendant plusieurs années, les parents ont loué une villa à Saint Gervais, les pieds presque dans l’eau. La maison s’appelait « La Mouette » et elle existe toujours, puis nous sommes allés à Barcelonnette chez l’oncle Roch, en B14.
Mais en Septembre, ce fut la déclaration de guerre.
Nous étions super bien logés, on avait des cabinets avec la chasse d’eau, car jusque-là «le torpilleur» passait toutes les nuits à quatre heures du matin dans les rues de Lambesc et vidait les seaux que chacun avait mis le soir devant sa porte. Où allait après se stocker toute cette ramasse, je ne l’ai jamais su mais cette odeur qui montait jusqu’à notre chambre rue Eugène Pelletan, je m’en souviens encore ! Et le type qui faisait ce travail, un employé de la mairie, passait ensuite avec un tombereau pour ramasser les ordures, c’était le père de « Coq à l’œil », mon amoureux transi de toujours ! Mais une fois dans le quartier de la gare, plus de torpilleur, les poubelles, on les mettait bien sûr en bas du chemin, mais ça, ça a duré, vous l’avez connu.
De ce jour-là, au lieu de monter vers la gare pour chercher les légumes chez pépé, je suis allée, toujours en trottinette, dans Lambesc tous les jours pour faire les courses, le sac en moleskine noir pendu au guidon, à fonds, je descendais la grand Rue avec arrêt au pain chez Jeannot Chaussezas qui m’avait surnommée « Patinette» ou « Maguitare», puis au Casino, au boucher et au tabac, bien sûr pour papa.
Maguy, Jeannette et Louis
Premières cerises devant la maison
Jean Pelen, Marcel, Maguy
Et la B14
A Fours
Jean, ?, Tante, Joseph et ?