Momon Maguy Chayne Sporting-Club Salonais Rugby Salon
Momon et Maguy Si loin, si proches
La guerre, avant l'occupation
Grand-père nous avait beaucoup parlé de la guerre de 14, maman aussi, puisqu’elle avait alors douze ans. Mais ma foi, l’Allemagne, c’était loin, et puis, la guerre me ramenait Paul, puisque l’école de menuiserie fermait, les professeurs ayant été rappelés sous les drapeaux. Papa était soucieux, il nous amenait à la maison de grandes photos des camps de concentration où, en Allemagne, on enfermait les communistes et les juifs, enfin, tout ce que l’on sait très bien depuis, mais lui, en 39, savait déjà. Cependant, il nous laissait en dehors de tout ça.
Puis ce fut 1940, la défaite, le bombardement de Marseille. Papa, bien que réformé, a été appelé pour déblayer la gare St Charles et les morts qu’il y avait eu. Mais cela n’a pas duré, les boches sont venus en France très vite, occupation, Vichy, Pétain, tout cela sentait le roussi. Mais s’il y avait la zone occupée, nous, dans la zone non-no comme on disait, on était tranquille, du moins, on le croyait. Mais dès que les Allemands ont occupé la zone Nord, ils ont pompé tout ce que la France pouvait avoir à manger et à boire, et là une année dure à passer a commencé : On n’avait plus rien, à croire que les magasins n’avaient aucune réserve. Plus tard, j’ai compris que ceux qui avaient des sous, comme toujours, avaient fait de grosses provisions, les autres, dont nous faisions partie ont simplement survécu pendant un an. Moi, ce n’étais pas grave, je mangeais comme un oiseau avec mes quarante kilos, j’en avais toujours de reste. Souvent, et même tous les jours, Nanotte mangeait sa ration de polenta ou de patates et la mienne avec, car on ne pouvait la rassasier. Cette vie a duré un an, et puis, on s’est organisé : Papa a fait un cochonnier sous le hangar, où le cochon, bien sûr s’appelait Adolphe. On a eu des lapins, un poulailler derrière ma chambre, on a planté de tout et de partout. Papa faisait même pousser amoureusement des plants de tabac, ce qui enrageait maman, qui aurait mieux aimé planter des patates. Même, sur Berthoire, dans un morceau de terre qu’avait grand-père, on a semé toutes les deux des pois chiches et des lentilles, qui à cause du manque d’eau, n’ont jamais été plus gros que des pissenlits.
Joseph, à gauche, mobilisé en 1914
le bombardement de Marseille
en Avril 1940