Momon Maguy Chayne Sporting-Club Salonais Rugby Salon

Accueil
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Vierge
Galerie
Galerie
Galerie
Galerie
Blogue


Vierge
Vierge

Momon et Maguy    Si loin, si proches

 le Cours Gimon des années 30   (suite)

          Puis, la mercerie Devalle : Marie-Louise, ma fiancée, qui devait avoir au moins 20 ans de plus que moi me déçut beaucoup le jour où elle se maria sur le tard avec Fernand, un coiffeur pour hommes que j’avais connu lorsque nous habitions Boulevard des Capucins, il vivait alors «  à la colle » avec une voisine, Mme Bianco. Marie-Louise et sa mère étaient les reines dans cette boutique de dentelles, laines et rubans ainsi que ce que les hommes appelaient à l’époque les « dessous troublants ».


          A la suite, les magasins des familles Fouga et Bernard pâtissier dont j’ai déjà parlé dans les pages précédentes, puis celui de la famille Coquard assemblant en bouquets, corbeilles, gerbes les fleurs fraiches qu’ils récoltaient eux-mêmes dans leur propriété du Pilon Blanc : Famille très pittoresque, d’ailleurs, le père Camille était un grand poivrot devant l’Eternel, la mère était elle aussi amoureuse de la dive bouteille, il n’y avait que le fils Jean-Marie qui était sobre, du moins si je me rappelle bien. Au sujet de Camille, le docteur Bernard disait comme boutade qu’il n’avait pas de microbes puisqu’il les détruisait à coup de « canons de blanc ».


          Jouxtant Coquart, la boucherie Gavaudan, gens très avenants et gentils, bouchers attitrés de ma grand-mère, qui adorait le beefsteak, elle prononçait « biss » et n’avait aucune difficulté à le manger, bien que, comme la grand-mère de Marcel Pagnol, elle n’eut qu’une seule dent. Plus tard, elle se fit faire un dentier tout neuf grâce à Mme Julian, une de ses patronne qui était dentiste. Lorsqu’ils vendirent, quelques années plus tard, le garçon-boucher Gil épousa leur fille, et acheta l’ancien cinéma Pathé du Bd de la République : Ils firent beaucoup de réparations et cela devint le Rex, puis au fil des années, avec la crise du cinéma et l’avènement de la télévision, il se transforma en dancing avant de fermer définitivement.


          Après tous ces petits commerces venait le monument du cours Gimon, la quincaillerie Teissier, où il y avait de tout, depuis la grosse poutre en ferraille, jusqu’au rouleau de fil de fer, du gros clou de maçon à la punaise de tapissier etc. etc. Sur le trottoir étaient exposées des cuisinières à bois et charbon, d’autres appareils de chauffage qui n’étaient à l’époque ni au mazout, ni au butane, tout juste au gaz de ville. Je me souviens d’un réchaud avec four tout blanc qui faisait la fierté de ma mère et dont elle ne se servait pas beaucoup pour ne pas le salir car elle était maniaque du torchon. Le magasin était immense, avec une ouverture derrière sur la Grand’Rue (rue Lafayette ?), les propriétaires étaient des gens très pieux, bourgeois, très riches disait-on, et à nos yeux de gamins turbulents, bruyants et joueurs, pas du tout sympathiques. Mais peut-être me trompé-je et mes souvenirs se sont-ils estompés. Il faut dire aussi que, ma grand-mère habitant au-dessus de la pâtisserie, cela commençait à terminer notre aire de jeu et de ce fait, nous y allions moins souvent, ce qui donne maintenant, soixante ans après, des souvenirs moins précis.


          Ensuite je me souviens vaguement d’un coiffeur réfugié espagnol, Polop, dont le fils jouait au rugby avec mon oncle Paul, d’un marchand de meubles, d’un autre magasin qui deviendra le salon de coiffure de Felix Bonaguidi, puis de Paul Charles, le bicycliste, un homme bon et sympathique qui avait deux filles dont l’ainée deviendra sage-femme et épousera un copain d’école René Pastorel. Suivant les vélos, un magasin à l’origine fermé qui devint ensuite l’atelier de repassage de la charmante Melle Giraud : Elle devint par la suite Mme Barielle en épousant le facteur qui faisait la conversation à toutes les commères du quartier.


          Puis, venait la boulangerie Vève : Vève avait été le patron de mon père au temps de sa jeunesse, il livrait pour lui le pain avec un cheval et une carriole dans les campagnes autour de Salon. Ma mère disait qu’en ce temps-là, elle habitait à la Cabane et c’est ainsi qu’elle l’avait connu, et que cela avait commencé entre eux deux. Elle ajoutait que souvent, le cheval était plus gracieux que le conducteur !! La boulangerie vit d’autres propriétaires, Gasquet, puis Giraud.


          Après les croissants, les moteurs, le magasin de motos Terrot de Mr Giraud, dont l’exposition magnifique de chromes rutilants et de vives couleurs captivait notre attention, nous révions tous de devenir les cavaliers de ces puissantes machines. Beaucoup de marques, sinon toutes ont disparu aujourd’hui, marques françaises, hélas, qui se souvient encore des Terrot, Magnat-Debon, Monet-Guyon, Motosacoche, Peugeot, etc…


          Le magasin Casino ensuite, magasin accueillant avec ses gérants sympathiques très commerçants, connaissant leurs clients, leur nom, leurs besoins, leurs habitudes, où l’on était pas des anonymes faisant l’échange d’argent contre la marchandise comme cela se passe maintenant dans ce que l’on appelle « Géant » ou « Hyper », autres temps, autres mœurs.


          Le sympathique Paul Sauve tenait sa boutique de coiffeur tout de suite après, et précédait le premier bar-tabacs Delestrade, associé avec son beau-frère « le gros Belon », car réellement, il était costaud ! Il s’appelait en fait Henri, et sa femme, Irène, joli minois toujours souriante, parlant avec un léger zézaiement qui faisait tout son charme. Sa sœur, Mme Delestrade, avait deux garçons copains de jeu dans le quartier. Ce bar était le rendez-vous des camionneurs qui stationnaient sur la Place des Platanes et venaient déjeuner ou boire le coup : A cette époque, les véhicules n’étaient pas les monstres que l’on voit aujourd’hui, les sens poids-lourds n’existaient pas et on les voyait stationner dans Salon, car leur nombre était loin d’atteindre ce qu’il est aujourd’hui.


          S’imbriquant presque dans le premier, un deuxième bar mélangeait avec lui sa terrasse, le Bar de Provence, dont les propriétaires étaient Mr et Mme Reynaud, elle forte et bien en chair, lui petit, trapu, cheveux en brosse, ils ne me paraissaient pas très sympathiques, mais je les connaissais peu. A côté, il y avait, chose impensable aujourd’hui, un magasin de grains et issues, engrais, souffre, enfin presque tous les produits destinés à l’agriculture, le propriétaire était un Mr Raynaud, sans lien avec le précédent, mais sans doute l’ai-je trop peu connu car je n’ai pas gardé de lui un quelconque souvenir. Puis, en arrivant juste avant a frontière de l’impasse des Ursulines, il y avait le bar de la Renaissance, de Mme Fournier dont une fille se mariera plus tard avec Georges Nogret, joueur de rugby au Sporting avec mon oncle Marius.