Momon Maguy Chayne Sporting-Club Salonais Rugby Salon

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Momon et Maguy    Si loin, si proches

  

Une jeunesse sous l'occupation  (Suite)

 Ceci n’était qu’une parenthèse, nous essayions donc de vivre et de nous amuser du mieux que nous pouvions, soirées au cinéma, sorties à l’Etang de Berre, réunions au cabanon de Dédé Fabre. Pour le cinéma, nous étions toujours une flopée, et comme nous ne savions pas exactement combien nous serions, nous retenions deux rangées au Rex, qui était le plus grand, et trois aux deux autres cinémas, plus petits, à savoir le Palace et le Kursal, qui devint plus tard la Provence, puis le Régent. Lorsque la séance était finie, on se rendait compte que les rangées étaient pleines, car à la bande des copains s’en ajoutaient d’autres qui ne sortaient pas régulièrement avec nous. Mais comme à ce moment-là à Salon, tous les jeunes se connaissaient, ça faisait foule et on s’amusait, c’est le principal. 

 

          Enfin, le plus prisé de tout, c’étaient quand même les « surprises-partys » au Cabanon de Dédé Fabre. C’était « au poil » ! Chacun apportait quelques choses (au pluriel) et l’on faisait fête, on mangeait toutes sortes de gâteaux, de desserts, car les filles étaient inventives pour les douceurs. Il y a des gâteaux que nous mangions goulument et que je n’ai plus jamais revus sur une table depuis ces moments-là, peut-être que les produits que nous avions à ce moment-là ont disparu à la libération. Malgré les évènements, on passait là des journées merveilleuses. Moi, ma spécialité, c’était la crème avec les blancs d’œuf que nous préparait ma mère, d’autres, c’étaient les gâteaux de Savoie, ou les babas, les flans etc… Nous avions toujours les crocs, nous aurions mangé la Tour de l’Horloge et son carillon, aussi, le soir les sacs étaient beaucoup, beaucoup plus légers qu’à l’aller.

 

          Mais ce qui était surtout plus agréable, c’est que, dans ces journées, nous avions bien fricoté (je ne sais pas si ça se dit toujours comme ça), car depuis que nous nous connaissions, presque  chacune avait son chacun. Je peux en parler un peu, car, pour ceux qui ne sont pas devenus des époux plus tard, il y a prescription, ils ne sont pas condamnables.  Pour moi, j’en parlerai plus tard, car cela intéressera peut-être ma descendance de savoir que j’ai eu deux « Marguerite » dans mon cœur : La première Guitte, avec qui j’aurais pu parcourir le chemin de la vie, mais le destin ne l’a pas voulu. Ce chemin, je l’ai parcouru par la suite avec une deuxième fleur, et je ne l’ai jamais regretté, mais ce sera pour la suite. Pour l’instant, parlons des copains, c’est le moment encore : Après la libération, petit à petit, les circonstances de la vie feront que cette belle amitié perdra son idéal, que nous ne serons plus une bande de copains mais quelques amis se voyant de loin en loin. Le temps des mariages viendra et la fin de notre belle bande rigolarde et joyeuse aussi. Pour conclure, je dirai que sept mariages ont eu lieu entre les copains et copines.

Le reste s’égaya dans la nature, se mariant au fil des années, seul Henri Cros, qui fut tué en 44 dans les combats de la libération, ne put épouser sa fiancée, Gaby Thibaud.

Finis les sorties, les rendez-vous au pied de l’horloge, notre jeunesse foutait le camp….

  


          Pour les sorties à l’Etang de Berre, nous étions moins nombreux car certains et certaines n’avaient pas de moyen de locomotion ; en plus, il fallait apporter de quoi manger, et ce n’était pas toujours facile. Mais enfin, on faisait du mieux qu’on pouvait, les uns pédalaient, les autres se faisaient chaler (c’était l’expression à la mode !), et on arrivait tant bien que mal à Saint Pierre, à Istres. C’était notre coin, idéal pour les bains de soleil (les filles), des rochers pour plonger (les garçons) de l’eau pour nager (tout le monde !). A midi, nous faisions repas commun, nous dévorions même les miettes, et le soir, beaucoup plus légers, nous rentrions en chantant, heureux après une telle journée passée tous ensemble à la mer. Oui, nous disions la mer, car la vraie, la Grande Bleue, nous était interdite, les Allemands occupaient tout le littoral, croyant éviter un débarquement. Tout en pédalant, on préparait le prochain dimanche. Parfois, il y avait un imprévu qui gâchait la fin de journée : par exemple lorsque les anglais ou les Américains ont bombardé Miramas, détruisant la gare de triage et une partie du patelin : Il y a eu des morts et des blessés, les routes ont été coupées, il a fallu faire des détours immenses pour rentrer, cela nous a beaucoup retardés, au grand désespoir des filles qui avaient la crainte de leurs parents en arrivant trop tard. Heureusement, nous, les garçons, les avons prises sous nos ailes protectrices afin de les consoler… du mieux que nous pouvions, adorable consolation !