Momon Maguy Chayne Sporting-Club Salonais Rugby Salon

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Momon et Maguy    Si loin, si proches

 Derniers instants

20 novembre 1994


          Je croyais mieux écrire ce matin, mais non, j’ai la tremblotte, depuis le mois de Juillet, peut-être les médicaments que je prends pour le mal au dos y sont pour quelque chose.


        En relisant ces quelques dernières pages, je vois que j’ai oublié de parler de ce qui a été de réelles vacances pour Paul et moi, en Septembre 41, 42 et 43, et peut-être aussi 40, ce sont les vendanges chez Mr Salen, au Moulin Blanc, sur la route de Rognes. Nous étions toute une bande, et là, il fallait bosser, mais les rires et les chansons étaient en première ligne, on mangeait les melons que Mr Salen plantait exprès pour nous au bout du champ de vignes, ça faisait le déjeuner à neuf heures et le goûter à quatre heures, on se régalait. Frédou « Coque à l’œil » mon amoureux transi depuis la maternelle faisait bien sûr les frais de nos rires, on lui faisait croire et faire tout et n’importe quoi et il marchait toujours ! Il avait pour Paul et moi une vraie adoration et

Ce n’était jamais bien méchant, mais à quinze, seize ou dix-sept ans, il en faut peu pour rire. Ce travail aux champs durait deux ou trois mois, on commençait par les tomates, les raisins muscats, puis ceux de la cuve, pour le vin que l’on faisait à la ferme, puis les grosses grappes vertes que l’on gardait jusqu’à Noël, puis, les pommes et les amandes. Avec de grandes gaules, on tapait sur les branches, les amandes tombaient sur les « pasturiés » étalés par terre. Nous, les filles, on les ramassait dans des paniers, et les jours de pluie, car on était en Novembre, on les « descalagait » sur de grandes tables dans la remise, c’est-à-dire qu’on enlevait, avec un couteau à courte lame, les cosses vertes déjà souvent bien ouvertes ; les amandes étaient alors bien propres, prêtes à la vente, on les triait par qualité, les princesses, les dures, les tendres que l’on cassait entre les dents… Mr Salen me disait « Maguy, je vais finir par te peser le premier jour des vendanges et le dernier jour, je retiendrai sur ta paye tous les kilos que tu auras pris ». Il faut dire que je mordais dans chaque grappe, mais je n’ai jamais dépassé mes quarante ou quarante-deux kilos, où sont-ils donc ?... Ha, le bon temps !

A la fin de la saison, on faisait à la ferme un bon repas, poulets de la ferme, patates et gâteaux, un luxe ! Paul, ce jour-là, pouvait manger à sa faim, puis on nous payait, en nous retenant le vin que papa venait chercher en fin de semaine, pendant toutes les vendanges ; ça me grevait mon salaire, mais c’était normal, tout le monde participait à la survie de la famille.

  


   Mais revenons en 44, à Lambesc : La vie continuait, ravitaillement, conserves, tricot, couture, papa toujours pas facile : Il n’avait plus de cigarettes, et le soir, il me faisait faire le tour des vieux, pépé, Lafond, Le Marinier, Pfeiffer, pour me faire donner leurs mégots, afin qu’il puisse s’en rouler une. C’était une vraie corvée, je détestais ça, mais sans cigarette, le caractère mauvais arrivait comme l’orage en plein été. Puis, il y a eu nos dernières Pâques en famille, tonton, tantine, pépé et la tante chez nous, j’en garde un souvenir ébloui, les photos vous le diront mieux. Deux mois encore, et l’enfer est arrivé, deux mois qui ont dû se passer comme tous ceux d’avant, mais je ne me souviens de rien, seulement que le 6 juin au matin, la radio a annoncé le débarquement en Normandie. Joie ! Ils arrivent ! Et non, la Normandie, c’est loin. Papa, à quatre heures du soir, m’a envoyé rencontrer Paul et Jean Raynaud sur la route de Salon pour les avertir, en me recommandant bien de passer par Berthoire avec eux au retour. Tout est allé très vite, préparer leurs sacs, les faire manger un peu, mettre du ravito dans leur musette, et, à onze heures du soir, papa et Paul sont partis à pied pour Ste Anne en nous faisant de grands signes d’au-revoir avec les bras, il faisait une lune superbe, je les ai vus s’éloigner longtemps, si longtemps que je les vois encore. Et puis, plus rien, six jours d’angoisse. Deux salauds de copains venaient tous les soirs nous demander où était Paul – A Salon, chez mon oncle, les routes ne sont pas sûres- tu parles, ils savaient très bien où ils étaient, je crois que plus de deux cent cinquante Lambescains s’étaient retrouvés dans la plaine du Sèze, avec ceux de Mallemort, Charleval, Rognes, St Cannat, enfin, toute la région, tout ça était préparé de longue date, dans notre dos, ou plutôt dans la clandestinité. Mais je n’irai pas plus loin aujourd’hui, trop de souvenirs se bousculent dans ma tête, et en plus, j’ai mal au dos.

  

Les messages diffusés par Radio Londres pour les résistants locaux:


Le 5 juin 1944 :" Le gendarme dort d'un oeil" donne l'alerte

Le 6 Juin "Nous roulerons sur le gazon" pour le blocage des voies ferrées

"Il y aura de la friture" pour celui des PTT (Postes et téléphones)

"Les reproches glissent sur la carapace de l'indifférence" pour le début de la guérilla

"Méfiez-vous du Toréador" pour le départ dans les maquis.


Les Lambescains se sont rassemblés sur le plateau dit "La Plaine de Seze" entre Lambesc et Charleval.


    http://maquis-sainteanne.fr/



  

Maguy aux vendanges