Momon et Maguy    Si loin, si proches

La lettre des filles

Afin d’inciter nos parents à écrire leurs mémoires, nous leur avions offert, en 1993, deux grands cahiers cartonnés, avec la lettre suivante :

   Parmi tous nos devoirs, ceux que nous avons envers nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants confondus, l’un des plus importants et souvent les plus négligés est celui de la mémoire. Mais les paroles s’envolent, tandis que les écrits restent. Alors, nous avons acheté deux cahiers, l’un est vert comme l’espérance et l’autre rouge comme la passion. Chacun choisira le sien pour nous raconter, à nous et à tous ceux qui ne sont pas encore arrivés, comment on passait le Certificat d’Etudes, ou quelles confitures faisaient les grands-mères, ou comment, malgré la guerre, on vivait heureux… ou malheureux.

Parce que, finalement, qu’est-ce qui est le plus important ? Le suicide du général Boulanger sur la tombe de sa maitresse, ou comment nos aïeux faisaient pousser les melons, fabriquaient du savon ou cerclaient les roues de charrette ? Nous aimerions savoir quel goût avaient les bâtons de réglisse lorsqu’ils ne coûtaient qu’un sou.

                                            Nous tous, et tous ceux des générations suivantes

Maman a choisi le vert

Papa a choisi le rouge